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CONTES ARABES.

poisson. Le calife le porta ; et en le servant, il mit aussi un citron devant chacun, afin qu’ils s’en servissent, s’ils le souhaitoient. Ils mangèrent d’un grand appétit, Noureddin et la belle Persienne particulièrement ; et le calife demeura debout devant eux.

Quand ils eurent achevé, Noureddin regarda le calife : « Pêcheur, lui dit-il, on ne peut pas manger de meilleur poisson, et tu nous as fait le plus grand plaisir du monde. » Il mit la main dans son sein en même temps, et il en tira sa bourse où il y avoit trente pièces d’or, le reste des quarante que Sangiar, huissier du roi de Balsora, lui avoit données avant son départ. « Prends, lui dit-il, je t’en donnerois davantage si j’en avois : je t’eusse mis à l’abri de la pauvreté, si je t’eusse connu avant que j’eusse dépensé mon patrimoine ; ne laisse pas de le recevoir d’aussi bon cœur que si le présent étoit beaucoup plus considérable. »

Le calife prit la bourse ; et en remerciant Noureddin, comme il