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LES MILLE ET UNE NUITS,

tre d’accord. Le calife cependant se tourna du côté du grand visir Giafar : « Giafar, lui dit-il, la jeune dame va jouer du luth : si elle joue bien, je lui pardonnerai, de même qu’au jeune homme pour l’amour d’elle ; pour toi, je ne laisserai pas de te faire pendre. » « Commandeur des croyans, reprit le grand visir, si cela est ainsi, je prie donc Dieu qu’elle joue mal. » « Pourquoi cela, repartit le calife ?» « Plus nous serons de monde, répliqua le grand visir, plus nous aurons lieu de nous consoler de mourir en belle et bonne compagnie. » Le calife qui aimoit les bons mots se mit à rire de cette repartie ; et en se retournant du côté de l’ouverture de la porte, il prêta l’oreille pour entendre jouer la belle Persienne.

La belle Persienne préludoit déjà d’une manière qui fit comprendre d’abord au calife qu’elle jouoit en maître. Elle commença ensuite de chanter un air, et elle accompagna sa voix qu’elle avoit admirable, avec le luth, et elle le fit avec tant d’art