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CONTES ARABES.

épargné l’argent qu’il eût dû donner à celui qu’il eût chargé de faire la commission, selon la leçon de Noureddin.

Pendant que Scheich Ibrahim, après avoir bu, achevoit de manger la moitié de la pomme, la belle Persienne lui emplit une autre tasse, qu’il prit avec bien moins de difficulté : il n’en fit aucune à la troisième. Il buvoit enfin la quatrième, lorsque Noureddin cessa de faire semblant de dormir ; il se leva sur son séant, et en le regardant avec un grand éclat de rire : « Ha, ha, Scheich Ibrahim, lui dit-il, je vous y surprends ; vous m’avez dit que vous aviez renoncé au vin, et vous ne laissez pas d’en boire ! »

Scheich Ibrahim ne s’attendoit pas à cette surprise, et la rougeur lui en monta un peu au visage. Cela ne l’empêcha pas néanmoins d’achever de boire ; et quand il eut fait : « Seigneur, dit-il en riant, s’il y a péché dans ce que j’ai fait, il ne doit pas tomber sur moi, c’est sur madame :