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LES MILLE ET UNE NUITS,

semble ; il n’a pas plutôt bu deux coups, qu’il s’endort et me laisse seule ; mais je crois que vous voudrez bien me tenir compagnie pendant qu’il dormira. »

La belle Persienne prit une tasse, elle la remplit de vin ; et en la présentant à Scheich Ibrahim : « Prenez, lui dit-elle, et buvez à ma santé ; je vais vous faire raison. » Scheich Ibrahim fit de grandes difficultés, et il la pria bien fort de vouloir l’en dispenser ; mais elle le pressa si vivement, que vaincu par ses charmes et par ses instances, il prit la tasse et but sans rien laisser.

Le bon vieillard aimoit à boire le petit coup ; mais il avoit honte de le faire devant des gens qu’il ne connoissoit pas. Il alloit au cabaret en cachette comme beaucoup d’autres, et il n’avoit pas pris les précautions que Noureddin lui avoit enseignées pour aller acheter le vin. Il étoit allé le prendre sans façon chez un cabaretier où il étoit très-connu ; la nuit lui avoit servi de manteau, et il avoit