Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, IV.djvu/246

Cette page a été validée par deux contributeurs.
236
LES MILLE ET UNE NUITS,

bien loin à la campagne de ce côté-là, et d’une grande partie de la ville.

Il ne demeuroit qu’un concierge dans ce jardin, et c’étoit un vieil officier fort âgé, nommé Scheich Ibrahim, qui occupoit ce poste où le calife l’avoit mis lui-même par récompense. Le calife lui avoit bien recommandé de n’y pas laisser entrer toutes sortes de personnes, et sur-tout de ne pas souffrir qu’on s’assît et qu’on s’arrêtât sur les deux sofas qui étoient à la porte en dehors, afin qu’ils fussent toujours propres, et châtier ceux qu’il y trouveroit.

Une affaire avoit obligé le concierge de sortir, et il n’étoit pas encore revenu. Il revint enfin, et il arriva assez de jour pour s’apercevoir d’abord que deux personnes dormoient sur un des sofas, l’un et l’autre la tête sous un linge, pour être à l’abri des cousins. « Bon, dit Scheich Ibrahim en lui-même, voilà des gens qui contreviennent à la défense du calife ; je vais leur apprendre le respect qu’ils lui doivent. » Il ouvrit la porte