Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, IV.djvu/237

Cette page a été validée par deux contributeurs.
227
CONTES ARABES.

roient vous en donner. » Au lieu de répondre, en me rendant honnêteté pour honnêteté, l’insolent m’a regardé fièrement : « Méchant vieillard, m’a-t-il dit, je donnerois mon esclave à un juif pour rien, plutôt que de te la vendre. » « Mais, Noureddin, ai-je repris sans m’échauffer, quoique j’en eusse un grand sujet, vous ne considérez pas, quand vous parlez ainsi, que vous faites injure au roi, qui a fait votre père ce qu’il étoit, aussi bien qu’il m’a fait ce que je suis. » Cette remontrance qui devoit l’adoucir, n’a fait que l’irriter davantage : il s’est jeté aussitôt sur moi comme un furieux, sans aucune considération pour mon âge, encore moins pour ma dignité, m’a jeté à bas de mon cheval, m’a frappé tout le temps qu’il lui a plu, et m’a mis en l’état où votre Majesté me voit. Je la supplie de considérer que c’est pour ses intérêts que je souffre un affront si signalé. »

En achevant ces paroles, il baissa