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LES MILLE ET UNE NUITS,

d’autres moyens de nous tirer de la misère vous et moi. »

Noureddin qui connoissoit fort bien la vérité de ce que la belle Persienne venoit de lui représenter, et qui n’avoit point d’autre ressource pour éviter une pauvreté ignominieuse, fut contraint de prendre le parti qu’elle lui avoit proposé. Ainsi il la mena au marché où l’on vendoit les femmes esclaves, avec un regret qu’on ne peut exprimer. Il s’adressa à un courtier nommé Hagi Hassan. « Hagi Hassan, lui dit-il, voici une esclave que je veux vendre ; vois, je te prie, le prix qu’on en voudra donner. »

Hagi Hassan fit entrer Noureddin et la belle Persienne dans une chambre ; et dès que la belle Persienne eut ôté le voile qui lui cachoit le visage : « Seigneur, dit Hagi Hassan à Noureddin avec admiration, me trompé-je ? N’est-ce pas l’esclave que le feu visir votre père acheta dix mille pièces d’or ? » Noureddin lui assura que c’étoit elle-même ; et Hagi Hassan, en lui faisant espé-