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CONTES ARABES.

une proposition si déraisonnable, vous me faites connoître qu’il s’en faut de beaucoup que vous m’aimiez autant que je vous aime. »

« Seigneur, reprit la belle Persienne, je suis convaincue que vous m’aimez autant que vous le dites ; et Dieu connoît si la passion que j’ai pour vous, est inférieure à la vôtre, et combien j’ai eu de répugnance à vous faire la proposition qui vous révolte si fort contre moi. Pour détruire la raison que vous m’apportez, je n’ai qu’à vous faire souvenir que la nécessité n’a pas de loi. Je vous aime à un point qu’il n’est pas possible que vous m’aimiez davantage ; et je puis vous assurer que je ne cesserai jamais de vous aimer de même, à quelque maître que je puisse appartenir. Je n’aurai pas même un plus grand plaisir au monde que de me réunir avec vous dès que vos affaires vous permettront de me racheter, comme je l’espère. Voilà, je l’avoue, une nécessité bien cruelle pour vous et pour moi ; mais après tout, je ne vois pas