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CONTES ARABES.

ment ! » Il alla frapper à la porte d’un autre ami, et cet ami lui fit dire la même chose que le premier. Il eut la même réponse chez le troisième, et ainsi des autres jusqu’au dixième, quoiqu’ils fussent tous chez eux.

Ce fut alors que Noureddin rentra tout de bon en lui-même, et qu’il reconnut sa faute irréparable de s’être fondé si facilement sur l’assiduité de ces faux amis à demeurer attachés à sa personne, et sur leurs protestations d’amitié tout le temps qu’il avoit été en état de leur faire des régals somptueux, et de les combler de largesses et de bienfaits. « Il est bien vrai, dit-il en lui-même les larmes aux yeux, qu’un homme heureux comme je l’étois, ressemble à un arbre chargé de fruits : tant qu’il y a du fruit sur l’arbre, on ne cesse pas d’être à l’entour et d’en cueillir ; dès qu’il n’y en a plus, on s’en éloigne et on le laisse seul. » Il se contraignit tant qu’il fut hors de chez lui ; mais dès qu’il fut rentré, il s’abandonna tout entier à son afflic-