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LES MILLE ET UNE NUITS,

d’elle si long-temps. Comme elle vit qu’il étoit déjà nuit obscure, et qu’il ne revenoit pas, elle en fut dans une affliction qui n’est pas concevable. Elle maudit mille fois le talisman et celui qui l’avoit fait ; et si le respect ne l’eût retenue, elle eût fait des imprécations contre la reine sa mère qui lui avoit fait un présent si funeste. Désolée au dernier point de cette conjoncture, d’autant plus fâcheuse qu’elle ne savoit par quel endroit le talisman pouvoit être la cause de la séparation du prince d’avec elle, elle ne perdit pas le jugement ; elle prit au contraire une résolution courageuse, peu commune aux personnes de son sexe.

Il n’y avoit que la princesse et ses femmes dans le camp qui sussent que Camaralzaman avoit disparu ; car alors ses gens se reposoient ou dormoient déjà sous leurs tentes. Comme elle craignit qu’ils ne la trahissent, s’ils venoient à en avoir connoissance, elle modéra premièrement sa douleur, et défendit à ses