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LES MILLE ET UNE NUITS,

d’autant moins de répugnance, que j’avois conçu une forte inclination pour lui, par la liberté que nous avons eue de nous voir. Je perds sans regret l’espérance d’appartenir au roi, et je m’estimerai très-heureuse de passer toute ma vie avec Noureddin. »

À ce discours de la belle Persienne : « Plût à Dieu, dit la femme du visir, que ce que vous me dites fût vrai, j’en aurois bien de la joie ! Mais croyez-moi : Noureddin est un imposteur ; il vous a trompée, et il n’est pas possible que son père lui ait fait le présent qu’il vous a dit. Qu’il est malheureux, et que je suis malheureuse ! Et que son père l’est davantage par les suites fâcheuses qu’il doit craindre, et que nous devons craindre avec lui ! Mes pleurs ni mes prières ne sont pas capables de le fléchir, ni d’obtenir son pardon. Son père va le sacrifier à son juste ressentiment, dès qu’il sera informé de la violence qu’il vous a faite. » En achevant ces paroles, elle pleura amèrement ; et