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LES MILLE ET UNE NUITS,

une beauté dont il étoit si amoureux, de s’entretenir, de rire et de badiner avec elle. Jamais il ne la quittoit que sa mère ne l’y eût contraint. « Mon fils, lui disoit-elle, il n’est pas bienséant à un jeune homme comme vous, de demeurer toujours dans l’appartement des femmes. Allez, retirez-vous, et travaillez à vous rendre digne de succéder un jour à la dignité de votre père. »

Comme il y avoit long-temps que la belle Persienne n’étoit allée au bain à cause du long voyage qu’elle venoit de faire, cinq ou six jours après qu’elle eut été achetée, la femme du visir Khacan eut soin de faire chauffer exprès pour elle celui que le visir avoit chez lui. Elle l’y envoya avec plusieurs de ses femmes esclaves à qui elle recommanda de lui rendre les mêmes services qu’à elle-même ; et au sortir du bain, de lui faire prendre un habit très-magnifique qu’elle lui avoit fait déjà faire. Elle y avoit pris d’autant plus de soin, qu’elle vouloit s’en faire un mérite auprès