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LES MILLE ET UNE NUITS,

aussi personne à la cour de Balsora, ni dans la ville, ni dans tout le royaume, qui ne le respectât, et ne publiât les louanges qu’il méritoit.

Saouy étoit tout d’un autre caractère : il étoit toujours chagrin, et il rebutoit également tout le monde, sans distinction de rang ou de qualité. Avec cela, bien loin de se faire un mérite des grandes richesses qu’il possédoit, il étoit d’une avarice achevée, jusqu’à se refuser à lui-même les choses nécessaires. Personne ne pouvoit le souffrir, et jamais on n’avoit entendu dire de lui que du mal. Ce qui le rendoit plus haïssable, c’étoit la grande aversion qu’il avoit pour Khacan, et qu’en interprétant en mal tout le bien que faisoit ce digne ministre, il ne cessoit de lui rendre de mauvais offices auprès du roi.

Un jour, après le conseil, le roi de Balsora se délassoit l’esprit, et s’entretenoit avec ses deux visirs et plusieurs autres membres du conseil. La conversation tomba sur les femmes esclaves que l’on achète, et que