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LES MILLE ET UNE NUITS,

blables, elle lui servoit à manger et lui faisoit verser à boire coup sur coup. Le repas dura long-temps, et le prince Assad but quelques coups plus qu’il ne pouvoit porter.

Quand la table fut levée, Assad eut besoin de sortir, et il prit son temps de manière que la reine ne s’en aperçut pas. Il descendit dans la cour, et comme il vit la porte du jardin ouverte, il y entra. Attiré par les beautés dont il étoit diversifié, s’y promena un espace de temps. Il alla enfin jusqu’à un jet d’eau qui en faisoit le plus grand agrément ; il s’y lava les mains et le visage pour se rafraîchir ; et en voulant se reposer sur le gazon dont il étoit bordé, il s’y endormit.

La nuit approchoit alors, et Behram qui ne vouloit pas donner lieu à la reine Margiane d’exécuter sa menace, avoit déjà levé l’ancre, bien fâché de la perte qu’il avoit faite d’Assad, et d’être frustré de l’espérance d’en faire un sacrifice. Il tâchoit néanmoins de se consoler sur ce que la tempête étoit cessée, et qu’un vent de