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LES MILLE ET UNE NUITS,

confirmer qu’il étoit son esclave et son écrivain, et fut conduit devant la reine Margiane. Il se jeta à ses pieds ; et après lui avoir marqué la nécessité qui l’avoit obligé de se réfugier dans son port, il lui dit qu’il étoit marchand d’esclaves, qu’Assad qu’il avoit amené, étoit le seul qui lui restât, et qu’il gardoit pour lui servir d’écrivain.

Assad avoit plu à la reine Margiane du moment qu’elle l’avoit vu, et elle fut ravie d’apprendre qu’il fut esclave. Résolue à l’acheter à quelque prix que ce fût, elle demanda à Assad comment il s’appeloit.

« Grande reine, reprit le prince Assad les larmes aux yeux, votre Majesté me demande-t-elle le nom que je portois ci-devant, ou le nom que je porte aujourd’hui ? » « Comment, repartit la reine, est-ce que vous avez deux noms ? » « Hélas, il n’est que trop vrai, répliqua Assad ! Je m’appelois autrefois Assad (très-heureux), et aujourd’hui je m’appelle Môtar (destiné à être sacrifié). »

Margiane qui ne pouvoit pénétrer