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CONTES ARABES.

vais chez moi ou chez vous, cela est à votre choix. »

« Seigneur, répondit la dame avec un sourire agréable, les dames de ma sorte ne mènent pas les hommes chez elles, elles vont chez eux. »

Amgiad fut dans un grand embarras de cette réponse à laquelle il ne s’attendoit pas. Il n’osoit prendre la hardiesse de la mener chez son hôte qui s’en seroit scandalisé, et il auroit couru risque de perdre la protection dont il avoit besoin dans une ville où il avoit tant de précautions à prendre. Le peu d’habitude qu’il y avoit, faisoit aussi qu’il ne savoit aucun endroit où la conduire, et il ne pouvoit se résoudre de laisser échapper une si belle fortune. Dans cette incertitude il résolut de s’abandonner au hasard ; et sans répondre à la dame, il marcha devant elle et la dame le suivit.

Le prince Amgiad la mena long-temps de rue en rue, de carrefour en carrefour, de place en place, et ils étoient fatigués de marcher l’un et l’autre, lorsqu’il enfila une rue qui