Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, II.djvu/96

Cette page a été validée par deux contributeurs.
86
LES MILLE ET UNE NUITS,

LXXIIIe NUIT.

» Je fus bien étonné, dit Sindbad, de ne plus voir le vaisseau à l’ancre ; je me levai, je regardai de toutes parts, et je ne vis pas un des marchands qui étoient descendus dans l’isle avec moi. J’aperçus seulement le navire à la voile, mais si éloigné que je le perdis de vue peu de temps après.

» Je vous laisse à imaginer les réflexions que je fis dans un état si triste. Je pensai mourir de douleur. Je poussai des cris épouvantables ; je me frappai la tête, et me jetai par terre, où je demeurai long-temps abymé dans une confusion mortelle de pensées toutes plus affligeantes les unes que les autres. Je me reprochai cent fois de ne m’être pas contenté de mon premier voyage, qui devoit m’avoir fait perdre pour jamais l’envie