Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, II.djvu/187

Cette page a été validée par deux contributeurs.
177
CONTES ARABES.

LXXXVIe NUIT.

» Ceux qui moururent les premiers, poursuivit Sindbad, furent enterrés par les autres ; pour moi, je rendis les derniers devoirs à tous mes compagnons, et il ne faut pas s’en étonner ; car outre que j’avois mieux ménagé qu’eux les provisions qui m’étoient tombées en partage, j’en avois encore en particulier d’autres dont je m’étois bien gardé de faire part à mes camarades. Néanmoins lorsque j’enterrai le dernier, il me restoit si peu de vivres, que je jugeai que je ne pourrois pas aller loin ; de sorte que je creusai moi-même mon tombeau, résolu à me jeter dedans, puisqu’il ne restoit plus personne pour m’enterrer. Je vous avouerai qu’en m’occupant de ce travail, je ne pus m’empêcher de me représenter que j’étois la cause