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LES MILLE ET UNE NUITS,

XXXIe NUIT.

Dinarzade, le lendemain, ne manqua pas d’engager sa sœur à poursuivre le merveilleux conte qu’elle avoit commencé. Scheherazade prit alors la parole, et s’adressant au sultan : « Sire, dit-elle, je vais, avec votre permission, contenter la curiosité de ma sœur. » En même temps elle reprit ainsi l’histoire des trois Calenders[1] :

  1. Religieux mahométans, ainsi appelés du nom de leur fondateur, Kalenderi. Ses disciples le représentent comme un excellent médecin et un savant philosophe qui possédoit des vertus surnaturelles, par le moyen desquelles il faisoit des miracles. Il alloit la tête nue et le corps plein de plaies ; il n’avoit point de chemise, ni d’autre habit que la peau d’une bête sauvage sur les épaules. Il avoit à la ceinture quelques pierres bien polies, et à ses bras des pierres fausses qui jetoient beaucoup d’éclat. Ses disciples aiment la joie et le plaisir ; ils vivent sans souci, sans embarras d’esprit, et disent d’ordinaire entre eux : « Aujourd’hui est à nous ; demain est à lui : qui sait s’il en jouira ? » D’après cette maxime, ils passent tout leur temps à manger et à boire. Quand ils sont chez des personnes riches, ils cherchent à se rendre agréables par leurs contes et leurs plaisanteries, afin qu’on leur fasse faire bonne chère. La plupart sont des vagabonds qui croient la taverne aussi sainte que la mosquée.