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Le (léinilo suit la loi des ùgcs divers, colle que les poètes ont tiacoe. Jeune, il est aident aux innovations, prorapt a recevoir les impressions du dehors. Dans rage mûr, il est arabilieuN , et, quelle que soit la roule qu’il suive, il ne l’n prise que pour arriver au pouvoir et à la renommée, les deux objets constants de toutes ses prédilections.

Vieux, il y a un passé qu’il loue, qu’il vante et qu’il aime ; il feint de croire lui-même, et il voudrait persuader aux autres qu’il pleure le temps de ses convictions , tandis qu’il ne regrette que le temps de sa vigueur physique et de sa supériorité intellectuelle.

Le député se reconnaît généralement a une certaine gourme de principes qu’il expose avec une emphatique complaisante, quel que soit le camp dans lequel il combat. Son allure piovinciale contracte de sa position nouvelle une assurance souvent comique : a force de traiter les grands sur le pied de l’égalité , il croit avoir le droit d’agir Irès-cavaliorement avec les autres. Il aime ’a parler souvent de te qu’il fera, de ce qu’il empêchera, de ce qu’il défendra et de ce qu’il permettra ; il y a du grotesque dans l’idée qu’il a de sa force politique : la gravité de nos inslilutions n’est pas suffisante pour retenir le rire que menace d’exciter cette prodigieuse outrecuidance.

Il y a une chose que la raideur de quelques députés nous a apprise et qui n’existait pas dans nos mœurs ; c’est le pédantisme en matière politi(iue. Je finirai par un dernier trait, et qui résume toute ma pensée "a ce sujet. Après une joyeuse nuit, quelques jeunes gens montés sur des ânes parcouraient le bois de Boulogne ; les giilles étaient fermées, et les gardiens refusaient de les ouvrir avant la pointe du jour. Dans la troupe libertine se trouvait un député : à toutes les objections du concierge, il répondait sérieusement et du haut de son âne : « Ouvrez, je suis membre de la chambre des députés. )i

Les hommes simples et dévoués "a leur mandat, étrangers aux séductions de la cour et de la ville ; les hommes laborieux et qui se consacrent "a d’utiles et obscures études avec patience et avec désintéressement , les nobles organisations , les hommes à vues élevées, les talents éclatants et supérieurs quoi qu’ils fassent, les hommes droits et intègres, ceux qui apportent humblement l’amour du pays et la science de ses besoins, et enliu les hommes de courage et de conviction ne manquent pas a nos assemblées. Ou les trouve assis "a côté des dandy , des nuls, des serviles et des mouches qui bourdonnent sans relâche autour du coche de l’Etat. Il y a vingt types dans la chambre des députés ; il n’y a pas un caractère que l’observation puisse saisir et présenter comme forme générii]ue.

C’est peut-être parce qu’il n’y a de sérieux que la léalilé. Dans nosmœurs sociales, en politique , nous n’avons plus d’aristocratie, nous n’avons pas encore de démocratie ; entre ces deux extrêmes, tout se meut et s’agite ; le daguerrotype lui-même ne saurait fixer sur le papier ces images mobiles et inccriaincs. Eugène Shiffault.