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Il 1110 prit fantaisie de savoir quels imiivaienl être les doctes entretiens qui avaient si hicii foiiiK’ inon ancien tamarade. Je le suivis au l’alais-RouiIioii. et pondant qu’il se rendait à la salle des couférences, je luonlai dans une li ilmne |nilpli(ine. La séance devait être intéressante , il y avait foulo pardinl.

Ce qui surprond lo plus h la vue de rassonililée législative, c’est la confusion et lo polo-nu’le ; on no peut distinguer aucun des traits do cette pliysionomio nioiivantool sans cesse agitée. Avant 1850, il était possihle de dési :iner quelques-uns des caractères particuliers au député. L’âge do quarante ans formait celui do sou extrême jeunesse ; le paioiuent de 1 .000 francs de contrihutions indiquait une certaine position sociale ; et à l’aide de celte double indication on retrouvait sur la ligure du député tnie partie du signalement qui désigne à tous les regards un riche propriétaire , d’âge uiùr, poussé par un grain d’ambition liors de son fief départemental et transplanté sur lo sol pai isiou. A ces notions il était facile d’ajouter colles qui découlaient nain relloment diiabitudes, de mœurs, d’un langage, d’idées et même d’une attitude, cjui appartenaient a une autre époque. On devinait l’empire chez les uns , on retrouvait l’émigration chez les autres ; l’a on reconnaissait les traces d’une longue retraite, ici on voyait les regrets, ailleurs ou apercevait les désirs. Ceux qu’un aspect nouveau séparait de ces indices étaient les représentants du temps présent : chacun avait des signes dislinctifs ; le costume ajoutait encore ii la certitude de l’observation . et on pouvait alors dessiner le portiait d’un député. Il n’en est plus de même : aujourd’hui, pour la dépulation , l’échelle des années est celle de la vie commune , elle s’étend dejuiis trente ans jusqu’à l’âge le i)lus avancé ; l’échelle de la fortune n’embrasse peut-être pas la plus grande généralité de la vie sociale , mais elle est assez considérable pour que toute la classe qui forme l’ordre intermédiaire y soit comprise ; toutes les intellii ;ences, toutes les professions et toutes les positions s’empressent de se présenter il l’élection. Enfin trop d’aimées nous séparent des temps qui ont laissé sur les choses et sni- les hommes (l’irapérissablos souvenirs, pour que ceux qu’ils ont marqués par des signes particulière soient autre chose que des exceptions. 11 u’y a plus de costume , rien ne révèle le député , rien ne le manifeste au regard , rien ne le signale a la curiosité. Et cepeudant.’a de certains indices cachés, l’observation doit le découvrir. . Lespereounages graves étaient en petit nombre dans la foule que les deux portes latérales vomissaient dans l’enceinte des séances. On ne peut assurément pas se fâcher de voir un député ressembler a tout le monde . et ne pas trop se séparer de ceux (pi’il doit représenter ; et pourtant je ne sais comment il se fait qu’oa éprouve presque du dépit a le voir trop rentrer dans une catégorie vulgaire : il y a en nous bien plus d’instinct aristocratique et d’esprit de caste que nous ne le pensons nous-mêmes. Le député de l’opposition ne diffère point du député qui s’est fait le défenseur des opinions contraires. Voyez cet homme jeune encore et dont la mise est d’une élégance recherchée : son visage est froid et sérieux , sa démarche a quelque chose de superbe, son air est dédaigneux , son geste est sec, et tout témoigne en lui d’une disposition qu’on pourrait aisément prendre pour de l’orïueil. C’est un des plus vigoureux athlètes du dogme d’égalité. Regardez ce personnage dont la mise est si simple, la ligure franche et ouverte , les manières affables et empressées , le geste prévenant et