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CHAPITRE IX




A un homme qui était tombé dans l’impudence.

Lorsque tu vois quelqu’un devenir magistrat, songe par contre que tu as pour toi de savoir te passer d’être magistrat. Lorsque tu vois quelqu’un devenir riche, regarde également ce que tu as en échange. Si tu n’as rien en échange, tu es bien malheureux; mais, si tu as pour toi de savoir te passer des richesses, sache que tu as bien plus que lui, et que ton lot vaut bien mieux. Tel autre a une belle femme; tu as, toi, de savoir ne pas désirer une belle femme. Cela te semble-t-il si peu de chose? Ah! quel prix ne mettraient pas ces riches, ces magistrats, ces gens qui ont de si belles femmes dans leur lit, à savoir faire fi de la richesse, des magistratures, et de ces femmes mêmes qu’ils aiment et qu’ils possèdent! Ne sais-tu donc pas ce qu’est la soif d’un fiévreux? Combien elle diffère de celle d’un homme bien portant! Quand ce dernier a bu, il cesse d’avoir soif; l’autre, après un instant de bien-être, souffre bientôt de l’estomac; l’eau chez lui se tourne en bile; il a des envies de vomir, des étourdissements, une soif bien plus ardente. Il en est de même quand c’est avec passion