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entier, lorsque tu le voudras. Mais fais l’essai de ton pouvoir, et tu verras où il s’arrête entre tes mains.

Qui donc puis-je craindre encore? Les officiers de ta chambre? Que vont-ils me faire? Me renvoyer? Qu’ils me renvoient, s’ils me surprennent à vouloir entrer. — Que viens-tu faire à ma porte alors? — Je crois devoir prendre ma part du jeu, tant que le jeu dure. — Qui empêche alors qu’on ne te renvoie? — C’est que je ne tiens pas à entrer, si l’on ne me reçoit pas. Ce qui se fait est toujours ce que je préfère; car je crois ce que Dieu veut supérieur à que ce que je veux moi-même. Je serai toujours à ses côtés comme un serviteur, comme un homme de sa suite; je m’unis à lui d’efforts, de désirs, de volonté en un mot. Ce n’est pas moi qu’on renvoie, mais ceux qui veulent forcer la porte. — Et pourquoi ne pas tenir à la forcer? — Parce que je sais qu’au-dedans on ne distribue rien de bon à ceux qui sont entrés. Quand j’entends vanter le bonheur de quelqu’un, parce qu’il a reçu de César quelque dignité, je me dis: « Que lui arrive-t-il? Une préfecture. Mais lui arrive-t-il aussi l’opinion qu’il en doit avoir? Une charge de procurateur. Mais lui arrive-t-il aussi la façon de s’y conduire? » A quoi bon alors me faire repousser de force? Jetez des raisins secs et des noix, les enfants les ramassent en hâte, et se battent entre eux; les hommes ne le font pas; c’est trop peu de chose pour eux. Mais jetez des coquilles, les enfants eux-mêmes ne les ramasseront pas. Eh bien! on distribue des prétures; c’est aux enfants d’y voir. On distribue de l’argent; c’est aux enfants d’y voir. On distribue