Page:Les Entretiens d’Épictète recueillis par Arrien.djvu/419

Cette page n’a pas encore été corrigée

tenue, ta loyauté, ta fermeté, ton calme, ton contentement, ton assurance, ta tranquillité, ta liberté en un mot. Combien voudrais-tu vendre toutes ces choses? Vois ce qu’elles valent. « Jamais, dis-tu, en échange d’elles je n’obtiendrai rien qui les vaille. » Vois donc encore de nouveau, maintenant que tu les as, ce que tu recevrais en échange. « A moi la sagesse (devrais-tu dire); à un tel le tribunat! A lui le consulat; à moi la retenue! Je n’applaudis pas, quand il est déshonorant de le faire. Je ne me lève pas, quand je ne dois point me lever. Je suis libre, en effet, et l’ami de Dieu, pour lui obéir volontairement en tout. Je ne dois m’éprendre de rien autre, ni de mon corps, ni de la fortune, ni du pouvoir, ni de la réputation, ni de quoi que ce soit en un mot; car Dieu ne veut pas que je m’en éprenne.

S’il avait voulu que je m’en éprisse, il aurait fait de toutes ces choses des biens pour moi; il ne l’a pas fait; donc il ne m’est pas permis de transgresser ses ordres en m’en éprenant. » Sauvegarde absolument ce qui est ton bien propre; mais quant au reste, sauvegarde ce qui t’en est donné, dans la mesure que demande la raison, et contente-toi de cela. Sinon, tu souffriras, tu seras malheureux, tu rencdntreras mille empêchements et mille obstacles.

Voilà les lois et les injonctions qui nous sont envoyées d’en haut. Ce sont elles qu’il nous faut expliquer, elles qu’il nous faut respecter; et non pas celles de Masurius et de Cassius.