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maux, à leur tour, ne te paraissent pas des maux, mais des choses sans importance pour nous. Voici, en effet, les habitudes que tu as prises dès le principe: « Où suis-je? A l’école. Et quels sont ceux qui m’écoutent? C’est à des philosophes que je parle. » (Puis un instant après): « Ah! je suis hors de l’école! » Supprime-moi toutes ces distinctions de scholastiques et d’imbéciles. C’est avec elles qu’un philosophe dépose à faux contre un ami, avec elles qu’il se fait parasite, avec elles qu’il se vend pour de l’argent, avec elles que dans le sénat on ne dit pas ce que l’on pense, tandis que l’on crie ses opinions dans l’intérieur de l’école. Tu n’es rien que velléités d’idées frivoles et misérables; et tu tiens à un cheveu avec tes propos en l’air. Il faudrait, au contraire, que tu fusses un homme fort, un homme pratique; que l’exercice et les œuvres eussent fait de toi un véritable initié. Observe-toi toi-même. Comment reçois-tu la nouvelle, je ne dis pas que ton fils est mort (car d’où cela te viendrait-il?), mais que ton huile a été répandue, et qu’on a bu ton vin? Puisse celui qui surviendrait alors, au milieu des beaux cris que tu pousserais, ne te dire que ceci: « Philosophe, tu parles autrement dans l’école! Pourquoi donc nous tromper? Pourquoi, lorsque tu n’es qu’un ver, dire que tu es un homme? » Je voudrais arriver, quand un de ces individus est dans un tête-à-tête amoureux; je voudrais voir ce qu’y devient sa force, quels propos il y tient, et s’il s’y souvient de son titre, et de toutes les belles choses qu’il entend, qu’il dit, ou qu’il lit.

— Et quels rapports tout cela a-t-il avec la li-