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Si vous en doutez, regardez Myrrhon; regardez Ophélius. Dans la fortune? Ils n’y sont pas. Si vous en doutez, regardez Crésus; regardez les riches de maintenant. Comme leur vie est pleine de soupirs! Dans la puissance? Ils n’y sont pas. S’ils y étaient, ceux qui ont été deux et trois fois consuis devraient être heureux; or, ils ne le sont pas. Qui en croirons-nous sur ce point? Vous, qui ne voyez que le dehors de ces hommes, et qui vous laissez éblouir par l’apparence, ou’bien eux-mêmes? Or, que disent-ils? Ecoutez-les, quand ils soupirent, quand ils gémissent, quand ils croient que leurs consulats mêmes , leur réputation et leur éclat, ne leur apportent que plus de misères et plus de périls. Dans le pouvoir souverain? Ils n’y sont pas. S’ils y étaient, Néron et Sardanaple auraient été heureux. Agamemnon, lui non plus, ne l’était pas, quoiqu’il fût bien plus estimable que Sardanaple et Néron. Tandis que les autres ronflent, que fait-il?

Il arrachait de sa tête plus d’une touffe de cheveux.

Et que dit-il?

Voilà comme je me trompe!

Et encore:

Je me tourmente; et mon cœur veut s’élancer hors de ma poitrine.

Infortuné! qu’est-ce qui est en souffrance dans ce qui est à toi? Ta fortune? Elle ne souffre pas. Ton corps? Il ne souffre pas. Tu as de l’or et de l’airain en abondance. Qu’est-ce donc qui est en souffrance chez toi? La partie qui, chez toi, est négligée et corrompue, est celle, quelle qu’elle soit, qui nous fait désirer ou craindre, vouloir