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ver bien d’y aller? Homme, quelle autre chose fais-tu là que de parodier les mystères? Tu dis: « Il y a un temple à Eleusis: il va y en avoir un ici aussi. Il y a là-bas un hiérophante: moi je ferai l’hiérophante. Il y a là-bas un héraut: moi j’établirai un héraut. Il y a là-bas un porte-torche: moi j’en établirai un. Il y a là-bas des flambeaux: il y en aura ici. Les mots sont les mêmes; en quoi les choses d’ici diffèreront-elles de celles de là-bas? » En quoi elles en diffèreront, impie! C’est le lieu, c’est le moment, qui font l’utilité des choses de là-bas: on a sacrifié, on a prié, on s’est purifié, on s’est préparé à croire que l’on vient à des cérémonies saintes, et saintes de longue date. C’est par là que les mystères sont utiles; c’est par là qu’on arrive à l’idée qu’ils ont été institués par les anciens pour notre instruction et pour l’amendement de notre vie. Toi tu n’as que le boniment et la parodie de tout cela: le lieu, le moment, les prières, la purification, tout te manque. Tu n’as pas le vêtement qu’il faut à un hiérophante; tu n’as ni la chevelure, ni la bandelette qu’il doit avoir; tu n’as ni sa voix, ni son âge, et tu n’as pas vécu pur comme lui. Tu n’as fait que lui prendre ses paroles, et tu cries: « Voici les paroles saintes elles-mêmes! »

C’est d’une autre manière qu’il faut se mettre à enseigner: c’est là une grosse affaire, qui a ses mystères, et qui ne peut être entreprise à la légère, ni par le premier venu. Peut-être même ne suffit-il pas d’être vraiment sage pour se charger du soin des jeunes gens; il y faut encore, par Jupiter! certaines dispositions et certaines aptitudes;