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qu’il voudrait me porter en terre! » Mets entre vous une belle jeune fille; le vieillard l’aimera et le jeune homme aussi. Même division pour une question de vanité. Et, s’il y a un péril à courir, tu tiendras le langage du père d’Admète:

« Tu es heureux de voir la lumière; crois-tu que ton père n’en soit pas heureux aussi? Tu veux voir la lumière; crois-tu que ton père ne le veuille pas aussi? »

Crois-tu qu’Admète n’aimait pas son enfant, quand il était petit? Crois-tu qu’il n’était pas inquiet, lorsque son fils avait la fièvre? Crois-tu qu’il n’avait pas dit bien des fois: « Plût aux dieux que ce fût moi qui eusse la fièvre? » Puis, quand le moment est arrivé, quand il est venu, tu vois ce que disent ces gens-là!

Etéocle et Polynice n’étaient-ils pas nés de la même mère et du même père? N’avaient-ils pas été nourris ensemble? N’avaient-ils pas vécu ensemble? N’avaient-ils pas eu même table et même lit? Ne s’étaient-ils pas embrassés plus d’une fois? Si bien que celui qui les aurait vus, se serait moqué des paradoxes des philosophes sur l’amitié. Et pour tant, quand la couronne se trouve entre eux deux, à la façon d’un morceau de viande, vois ce qu’ils disent:

Pol. « Où seras-tu, en avant des tours?

Et. » Pourquoi me le demandes-tu?

Pol. » J’y serai en face de toi, pour te tuer.

Et. » Moi aussi, je suis possédé du même désir. »

Et ils adressent aux dieux des prières en harmonie avec leurs paroles.

Règle générale (ne vous y trompez pas), tout