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dans ta maison, tu as troublé tes voisins, et tu arrives chez moi avec le costume d’un sage! Et, quand tu t’es assis, tu te prononces sur la façon dont je commente mon texte, ou sur la question que je traite de moi-même! Tu es venu plein de fiel et de sentiments honteux, parce qu’on ne t’apporte rien de chez toi; et tu t’assieds, ne songeant à autre chose, pendant tout le cours de la leçon, qu’à la manière dont ton père ou ton frère se conduisent envers toi. « Qu’est-ce que les gens de là-bas disent de moi? (te dis-tu.) Ils croient à cette heure que je fais des progrès, et ils disent: Il va revenir sachant tout. Je voudrais bien retourner un jour là-bas ayant tout appris; mais cela demande beaucoup de travail, et personne ne m’envoie rien, et à Nicopolis les bains sont très-sales. Les choses vont mal chez moi, et mal ici. »

Et l’on dit que nul ne profite à l’école! Mais qui vient à l’école en écolier sérieux? Qui y vient pour s’y faire traiter, pour y donner ses opinions à guérir, pour y apprendre ce qui lui manque? Pour quoi donc vous étonner de remporter de l’école ce que vous y apportez? Vous ne venez pas pour l’y laisser, ou pour l’y améliorer, ou pour l’y changer contre autre chose. Comment y viendriez-vous pour cela? Vous en êtes bien loin. Regardez donc plutôt si vous y trouvez ce que vous y venez cher cher. Ce que vous voulez, c’est de discourir sur les questions de logique. Eh bien! n’y devenez-vous pas plus beaux parleurs? L’école ne vous fournit-elle pas les moyens de traiter les questions de logique? N’y analysez-vous pas les syllogismes et les sophismes? N’y étudiez-vous pas les propositions du Menteur,