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à ce que rien n’arrive de ce que tu ne veux pas; à ce que rien de ce que tu veux ne manque à être?

Donnez-moi un jeune homme qui vienne à l’école avec cette intention, qui lutte à cette seule fin, et qui dise: « Adieu, tout le reste! il me suffit de pouvoir vivre sans entraves et sans chagrin, de pouvoir tendre le cou à tout événement, libre et les yeux levés vers le Ciel, comme un ami des dieux, sans crainte de tout ce qui peut arriver. » Que l’on me présente un tel individu, et je lui dirai: « Viens, jeune homme, dans ton domaine. C’est à toi qu’il a été réservé d’être l’honneur de la philosophie. A toi tout cet attirail, à toi tous ces livres, à toi toutes ces discussions. » Puis, quand il aura bien travaillé, quand il se sera bien exercé sur ce premier terrain, je veux qu’il revienne me dire: « Je veux être sans troubles et sans perturbations; je veux, en homme religieux, en homme sage, attentif à tout, savoir quels sont mes devoirs envers les dieux, envers mes parents, envers mes frères, envers ma patrie, envers les étrangers. » — « Va maintenant, lui dirai-je, sur le second terrain; car il t’appartient à son tour. » — « Je me suis déjà exercé sur ce second terrain; mais je veux être absolument à l’abri de toute atteinte et de tout ébranlement, non-seulement quand je veille, mais même quand je dors, même après boire, et dans mes instants d’humeur noire. » — « O homme, tu es un Dieu, car tu as là une grande ambition! »

Mais toi tu me dis: « Ce n’est pas cela. Je veux savoir ce que dit Chrysippe dans son livre sur le Menteur. » — Va-t’en te faire pendre avec ton