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conscience du bien qu’il fait ; qui peut être atteint par les coups du sort, soit dans sa fortune, soit dans ceux qu’il aime (car le Sage a un cœur) ; mais qui, s’il ressent cette atteinte, ne peut en être abattu, ni être amené par elle au murmure ou à la plainte, soit parce qu’il connaît le peu de valeur de ce que le vulgaire appelle des biens, soit parce qu’il sait qu’au-dessus de ce monde, qui a ses lois auxquelles il faut bien que ses parties soient soumises, plane une Providence qui ne peut rien faire que pour le bien, et dont notre premier devoir est d’accepter les arrêts.

Est-ce là de l’orgueil ? Est-ce là de la piété ?



La distinction stoïcienne entre les vrais biens et les choses indifférentes, n’est que le pendant de la profonde distinction du Christianisme entre les biens spirituels et les biens temporels.

Quant à la possibilité pratique de l’ἀπάθεια, voyez si les Saints n’ont pas été bien plus loin encore.

Si le Stoïcisme a tort, ce n’est donc pas par-là.

Son tort c’est que, pour lui et pour Épictète surtout, notre destinée finit à cette vie.