Page:Les Entretiens d’Épictète recueillis par Arrien.djvu/204

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE XVI




Nous ne nous préparons pas aux jugements que nous portons sur les choses bonnes et mauvaises.

Où est le bien ? Dans notre libre, arbitre. Où est le mal ? Dans notre libre arbitre ? Quelles sont les choses indifférentes ? Celles qui ne relèvent point de notre libre arbitre. Mais quoi ! hors de l’école, est-il quelqu’un qui se souvienne de ces principes ? Est-il quelqu’un qui se prépare à répondre d’après ce système aux questions que lui posent les choses, comme on répond aux interrogations. « Est-il jour ? — Oui. — Eh bien ! est-il nuit ? — Non. — Eh bien ! les astres sont-ils en nombre pair ? — Je n’en sais rien. » Quand de l’argent se présente à toi, es-tu préparé à répondre, comme tu le dois, que ce n’est pas un bien ? T’es-tu exercé à ces réponses ? Ou ne t’es-tu exercé qu’aux discussions de l’école ? Pourquoi donc t’étonner de te surpasser toi-même dans les choses pour lesquelles tu t’es préparé, et de rester embarrassé dans celles pour lesquelles tu ne t’es pas préparé ? Pourquoi l’orateur, qui est sûr d’avoir écrit de belles choses et de s’être gravé dans la mémoire ce qu’il a écrit, qui de plus apporte à la tribune une voix agréable, est-il pour tant dans l’inquiétude ? C’est qu’il ne lui suffit pas de prononcer son discours ? Que veut-il donc encore ? Il