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nous inquiète guère, si ce n’est dans l’école, et pour la discussion. C’est dans la discussion, en effet, que sont tous nos progrès. En dehors d’elle, ils sont nuls.


CHAPITRE XI




Quel est le commencement de la philosophie?

Le commencement de la philosophie, chez ceux du moins qui s’y attachent comme il convient et en chasseurs sérieux, est le sentiment de notre infirmité et de notre faiblesse dans les choses indispensables.

Nous venons au monde sans avoir naturellement aucune notion du triangle rectangle, du dièse ou des demi-tons ; chacune de ces choses ne s’apprend que par la transmission de la science ; aussi ceux qui ne les savent pas ne croient-ils pas les savoir. Mais quant au bien et au mal, quant à la beauté et à la laideur, quant à ce qui est séant ou malséant, quant au bonheur ou au malheur, quant à ce qui convient ou ne convient pas, quant à ce que nous devons faire ou ne pas faire, qu’est-ce qui est venu au monde sans en avoir en lui la notion ? Aussi tout le monde se sert-il de ces termes, et essaie-t-il