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LE VOYAGE DE GYLFE.

d’un hiver ; mais si le premier jour de l’été il restait quelque chose à faire à cet édifice, la convention serait nulle ; il ne devait pas non plus prendre d’aide. Quand l’architecte eut connaissance de ce résultat, il demanda la permission de se servir de son cheval Svadelfœre, et Loke l’ayant appuyé, elle lui fut accordée. Il commença dès le premier jour de l’hiver la construction du château, et toutes les nuits il apportait des pierres avec le concours de son cheval. Les Ases étaient surpris de voir les grandes montagnes que Svadelfœre traînait, et de ce que cet animal faisait deux fois autant d’ouvrage que son maître. La convention arrêtée entre les Ases et l’architecte avait été confirmée en présence de bons témoins et avec beaucoup de serments ; car le géant trouvait peu sûr pour lui d’habiter parmi les Ases sans une bonne garantie, Thor pouvant revenir d’un moment à l’autre de l’expédition qu’il faisait contre les démons en Orient. Vers la fin de l’hiver, le château était très-avancé, tellement élevé et si fort, que personne n’aurait pu l’attaquer. Trois jours avant l’été, l’architecte n’avait plus que la porte à faire. Les dieux s’assirent alors sur leurs trônes pour délibérer, et s’entredemandèrent qui avait donné le conseil de marier Freya en Jœtenhem, de détruire l’air en donnant le soleil et la lune aux géants. Tous s’accordèrent à dire que ce mauvais conseil avait été donné par Loke, source du mal. Ils le menacèrent donc d’une mort ignominieuse, s’il ne trouvait un expédient pour empêcher