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LE VOYAGE DE GYLFE.

sonne ne présentait le gage demandé. Enfin Tyr avança la main droite et la mit dans la gueule de Fenris. Celui-ci commença à remuer les jambes pour rompre le lacet, mais plus il faisait d’efforts, plus Gleipner le serrait. Tous les Ases se mirent à rire, excepté Tyr, qui perdit la main. Quand les Ases virent Fenris bien attaché, ils prirent Gelgja, le bout de la chaîne, le passèrent à travers une dalle appelée Gjœll, et la fixèrent profondément en terre. Ils prirent ensuite une autre grande pierre nommée Thvite, avec laquelle ils enfoncèrent la dalle encore davantage. Le loup ouvrit une gueule épouvantable, se démena beaucoup et voulut mordre les Ases ; mais ils lui traversèrent la gueule avec un glaive dont la poignée s’arrêta dans la mâchoire supérieure ; c’est sa muselière. Fenris hurle d’une manière effroyable ; l’écume qui sort de sa gueule devient un fleuve appelé Von. Il restera couché en cet endroit jusqu’à Ragnarœcker.

Ganglere dit : Les enfants de Loke sont méchants ; mais pris séparément ils sont admirables. Puisque les Ases n’attendent que du mal de Fenris, pourquoi ne l’ont-ils pas tué ? Har répondit : Les dieux ont tant de respect pour leur sanctuaire et leurs saintes demeures, qu’ils ne veulent pas les souiller avec le sang de ce loup. Toutes les prédictions s’accordent cependant à dire que Fenris sera le meurtrier d’Odin.

35. Ganglere dit : Parle-moi des Asesses. — Har répondit : Frigg est la première d’entre elles ; son pa-