Page:Les Eddas, trad. Puget, 2e édition.djvu/430

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
416
le poème grœnlandais sur atle.

51. Alors eut lieu un combat dont la célébrité s’étendit au loin ; mais les exploits des fils de Gjuke surpassèrent ceux de tous les autres guerriers ; c’est pourquoi l’on disait d’eux qu’ils savaient diriger l’attaque du glaive, briser les cottes de mailles et fendre les boucliers, suivant l’impulsion donnée par leur courage.

52. Ils combattirent toute la matinée jusqu’à midi ; c’est ainsi que se passèrent les premières heures de la journée. La lutte avait été vigoureuse, le rempart était couvert de sang ; dix-huit hommes tombèrent encore ; les deux fils de Bera et son frère survécurent seuls.

53. Le vaillant Atle, quoiqu’il fût en colère, se mit à dire : « Ce spectacle est douloureux à voir, et c’est vous qu’il faut en accuser. Nous étions trente hommes propres au combat ; onze survivent, une grande perte a été faite.

54. « Nous étions cinq frères lorsque nous perdîmes Budle ; la moitié seulement subsiste ; deux ont été tués.

55. « Ma famille est illustre, je ne dois pas le cacher ; j’ai une femme redoutable ; elle n’est point un sujet de joie pour moi, nous sommes rarement d’accord. Depuis que tu m’appartiens, Gudrun, j’ai souvent été trahi ; j’ai perdu mes parents, et tu as envoyé ma sœur vers Hel ; cette peine surtout m’a paru pesante. »