Page:Les Eddas, trad. Puget, 2e édition.djvu/429

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
415
le poème grœnlandais sur atle.

l’arc, tirèrent vivement et se couvrirent de leurs boucliers.

45. Ce qui se passait au delà des murs fut raconté dans la maison ; un esclave criait en dehors de la salle.

46. Gudrun s’irrita en apprenant ce chagrin, tandis qu’elle était parée de colliers ; elle les arracha tous, et lança la chaîne d’argent avec tant de violence, que tous les anneaux en furent brisés.

47. Elle sortit ensuite, et n’ouvrit pas la porte doucement, car Gudrun n’agissait point avec crainte. Elle salua ses frères, accourut près des descendants de Nifl ; ils se dirent quelques paroles encore, ce furent les dernières.

48. « J’ai eu recours au sortilège pour vous éviter ce malheur, mais personne ne peut fuir sa destinée : il a fallu que vous abordiez ici. » — Gudrun parla avec sagesse aux deux partis pour les réconcilier, mais ce fut inutilement ; tous répondirent non !

49. En voyant que ses frères jouaient un jeu difficile, Gudrun prit une forte détermination, et jeta loin d’elle sa robe de cérémonie. Elle saisit un glaive nu, et défendit la vie de ses frères. Partout où elle portait la main, les coups étaient rudes.

50. Deux guerriers succombèrent devant la fille de Gjuke ; elle frappa le frère d’Atle d’un tel coup qu’on l’emporta ; il avait perdu un pied. La pesante main de Gudrun envoya un autre guerrier encore vers Hel, et cela sans trembler.