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le chagrin de gudrun.

23. Ce breuvage était composé d’un grand nombre de mauvaises choses réunies, de plantes forestières, de glands, de la rosée tombée autour de l’âtre, des intestins des animaux offerts en sacrifice, de foie de porc bouilli : car tout cela engourdit la haine.

24. Lorsque j’eus pris ce breuvage, en étant inclinée vers le plancher de la salle royale, j’oubliai tout. Trois rois se placèrent à mes genoux, puis Grimhild vint elle-même me parler.

25. « Je te donne, Gudrun, de l’or, et une grande partie de l’or possédé par ton père défunt, des anneaux rouges, la salle de Hlœdve et tout le château du prince qui a succombé.

26. « Tu auras des suivantes nées chez les Huns ; elles travaillent l’or avec adresse et le tisseront dans l’étoffe, de manière à te causer de la joie. Tu posséderas seule les trésors de Budle, tu seras dotée avec de l’or et donnée à Atle. »

27. Je ne suivrai pas un homme et ne veux point appartenir au frère de Brynhild ; il ne me convient pas de multiplier, avec le fils de Budle, la race de ce prince, ni de me réjouir de la vie.

28. « Ne rends pas aux héros la colère pour l’amour, puisque nous avons contribué à le faire naître. Agis, au contraire, comme si Sigurd et Sigmund vivaient encore, et comme si tu avais donné le jour à un fils. »

29. Je ne puis, Grimhild, être joyeuse, ou compter les espérances de la gloire guerrière, depuis que le