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le chagrin de gudrun.

Hœgne lorsqu’il reprit la parole : « Gudrun aurait plus de sujets encore de pleurer, si les corbeaux déchiraient mon cœur. »

11. Je rompis cet entretien et courus seule vers les restes dispersés par les loups. Je ne soupirais pas, je ne tordais point les mains, je ne pleurais pas comme les autres femmes, lorsque j’étais assise, dévorée de douleur, auprès de Sigurd.

12. Elle me parut obscure, la nuit que je passai près de mon époux. Les loups m’auraient semblé bons s’ils m’avaient ôté la vie ; j’aurais voulu me consumer comme le bosquet de bouleaux enflammé.

13. Je m’éloignai ensuite des montagnes ; je comptai cinq jours avant de découvrir les salles de Half. J’y fus assise avec Thora, la fille de Hakon, et je passai sept années en Danemark.

14. Pour me faire plaisir, Thora tissa dans le drap d’or des palais méridionaux et des cygnes danois[1].

15. Nous représentions sur des tableaux les jeux des héros, et dans nos travaux à l’aiguille les guerriers du roi, des boucliers rouges ; des Huns, l’armée des glaives, l’armée des boucliers, suivaient le roi.

16. Les navires de Sigmund s’éloignaient du rivage avec des ornements d’or et des proues sculptées : nous brodâmes sur les bords les combats entre Sigar et Siggeir, au sud de Fivi.

17. Alors Grimhild, cette femme gothe, me demanda

  1. Des oies. (Tr.)