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LE POÈME DE GRIMNER.

Parmi les dieux, on me nomme Ome, Jafnhar et Biflinde, Gœndler et Harbard.

50. Chez Sœckmimer, on m’appela Svidur et Svidrer, et je cachai mon nom au vieux géant, lorsque je devins le meurtrier de Njœdvitner, son fils magnifique.

51. Tu es ivre, Gejrœd, l’hydromel t’a trahi : tu as beaucoup perdu en perdant mon assistance, la faveur d’Odin et des Einhærjars.

52. Je t’ai enseigné bien des choses, tu les as presque toutes oubliées ; tes amis s’affaiblissent, et je vois le glaive de mon fils adoptif taché de sang.

53. La moisson de l’épée est mûre, Odin va faire un choix ; ta vie est écoulée ; les devins ne te sont pas favorables ; tu vois Odin, maintenant, approche si tu l’oses !

54. On me nomme Odin ; autrefois on me nommait Ygger, et auparavant Thunder. Vaker et Skilfinger, Vafuder et Hropta-Tyr, Gœth et Jalk, Ofner et Svafner, je porte ces noms parmi les dieux : ils proviennent tous de moi.

Le roi Gejrœd était assis ; il avait sur les genoux son glaive à moitié sorti du fourreau. Quand il sut que Grimmer était Odin, il se leva pour le tirer du feu ; le glaive s’échappa de ses mains, et la poignée tourna vers le plancher. Le roi fit un faux pas, tomba sur son glaive, qui le traversa ; cet accident causa sa mort. Alors Odin disparut, et Agnar fut pendant longtemps roi de ce pays.