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avant-propos.

gueil et d’avarice, de l’amour des richesses, et n’obéissaient plus à Dieu ; ils en vinrent même à ne plus prononcer son nom, et les pères cessèrent de raconter à leurs enfants toutes les merveilles qu’il avait faites. Les hommes finirent donc par oublier entièrement leur Créateur ; à peine si quelques rares individus le connaissaient. Malgré tant d’ingratitude, Dieu n’en continua pas moins à répandre sur eux les dons de la terre, la richesse et les joies qui en sont la suite. Il leur donna aussi la raison et l’intelligence des choses temporelles. Les hommes, en méditant sur ce qu’ils voyaient, cherchèrent à deviner comment il se faisait que, sous une enveloppe différente, la terre, les quadrupèdes, les oiseaux, avaient la même nature. Si on creusait un puits sur de hautes montagnes, on y trouvait de l’eau aussi promptement que dans les vallées les plus profondes. On observait les mêmes phénomènes chez les animaux : leur sang jaillissait avec une égale vivacité de la tête et des pieds. La terre avait encore une autre propriété : tous les ans elle se couvrait de plantes et de fleurs, que la même année voyait croître et se flétrir. Une remarque semblable avait été faite pour les quadrupèdes et les oiseaux ; leurs poils, leurs plumes, poussaient et tombaient tous les ans. Une troisième propriété de la terre, c’est qu’en l’ouvrant avec la bêche on y faisait croître des végétaux. Les hommes comparèrent donc les montagnes et les pierres aux dents et aux os des créatures ; ils pen-