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LES POÈMES D’ODIN.

un seigneur souriant, l’aboiement d’un chien, et la douleur de la pécheresse ;

89. Des champs ensemencés de bonne heure : toutes ces choses ne méritent aucune confiance. Ne sois pas trop prompt à croire ton fils. Le temps dispose des champs et l’esprit de ton fils ; l’un et l’autre sont mobiles.

90. Que personne ne s’avise d’avoir confiance dans le meurtrier de son frère, quoiqu’il en fasse la rencontre sur la grande route ; qu’il ne se croie point en sûreté dans une maison à demi brûlée avec un cheval trop vif, car un cheval devient inutile s’il se casse la jambe.

91. La paix avec les femmes est une pensée fugitive, comme une course sur la glace peu épaisse avec un cheval entier âgé de deux hivers et mal dressé ; cette paix ressemble encore à la navigation d’un vaisseau sans agrès pendant la tempête, à une halte de la chasse aux rennes dans la montagne de neige qui dégèle.

92. Je trace un tableau fidèle, car je connais les uns et les autres ; l’amour des hommes est une déception pour les femmes. Quand nos paroles sont le mieux arrangées, c’est alors que nous y attachons moins de sens ; l’esprit le plus fin y serait trompé.

93. Celui qui désire l’amour d’une jeune fille doit parler avec grâce, lui offrir des richesses et admirer le corps de la vierge blonde : la persévérance réussit.