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À la fin de la contredanse, je m’approche d’elle.

— Ah! c’est vous, Antoine, me dit-elle. Je ne vous aurais pas reconnu. Charmée de vous revoir bien portant, ce me semble.

Je ne savais que répondre. l’orchestre donne le signal. Et de nouveau elle danse avec le hussard, et de nouveau s’entretient avec lui.

— Pauvre enfant! me dis-je, comme elle doit souffrir de la contrainte que lui imposent les convenances! Obligée de cacher ses sentiments, elle n’ose s’occuper de moi et paraît concentrer toute son attention sur son danseur. Et il est jeune, ce danseur, beau, riche, élégant.

Pauline nous présente l’un à l’autre, de telle sorte qu’il semble qu’elle désire se justifier envers lui de l’air familier avec lequel je me suis avancé vers elle. Il me paraît aussi qu’elle a encore quelque chose à lui dire. Dieu sait ce qu’elle peut lui dire.

Cependant nous rions gaîment; mais au fond du cœur j’éprouve une amère tristesse. Je ne m’étais pas attendu à revoir ainsi Pauline.

Voici encore le hussard, non plus au bal, mais dans la maison de Pauline, comme un hôte privilégié. Moi, je ne puis m’entretenir avec elle, et lui est si gracieux, si habile! Pourquoi donc est-il là?

Encore un bal! et elle veut y assister. Pourquoi donc ne reste-elle pas près de son père malade? Pauline! Pauline!

Après le bal, elle retournera chez sa tante. j’irai là aussi, dans cette atmosphère infectée par les exhalaisons des marais.