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XXV
tante sally.


Quand j’arrivai à la ferme, tout semblait encore aussi tranquille que si c’eût été un dimanche. La chaleur retenait sans doute les maîtres chez eux et les travailleurs devaient être aux champs.

La propriété qui avoisinait la scierie de Silas Phelps était une de ces petites plantations de coton comme on en rencontre tant dans le pays. Les bâtiments n’occupaient qu’une partie d’une cour de deux arpents, fermée par une palissade et plaquée par endroits de touffes d’herbe ; pour les blancs, une vaste maison construite avec des bûches équarries à coups de hache et blanchies à la chaux ; une cuisine en forme de rotonde communiquant avec la maison par un large passage couvert ; derrière la cuisine, une buanderie ; des cabanes alignées servant d’habitation aux nègres ; une petite hutte isolée au fond de la cour ; sur un banc, à l’entrée de la cuisine, un chien qui faisait la sieste ; d’autres chiens endormis çà et là au soleil ; dans un coin, trois ou quatre arbres et quelques groseilliers le long de la palissade ; en dehors de la clôture, le jardin et les champs de cotonniers, puis venaient les bois.

J’entrai dans l’enclos en escaladant la barrière qui donnait sur le jardin et je me dirigeai en droite ligne vers la cuisine. Pour commencer, je voulais m’assurer si j’étais bien chez M. Silas Phelps.

J’avais eu tort d’oublier que les chiens ne dorment que d’un œil. À mon approche, ils se levèrent l’un après l’autre et vinrent à ma rencontre. Naturellement, je m’arrêtai et je me tins coi. Ah ! quel vacarme ! En un quart de minute, je ressemblais au moyeu d’une roue dont une quinzaine de chiens représentaient les rayons. Ils