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quand on a besoin d’un renseignement, parce qu’on vous le fera payer. Il avait raison, car on répondit à ma question par cette autre question : « Pouvez-vous me donner de quoi bourrer ma pipe ? » et ce ne fut qu’après avoir empoché une poignée de tabac que mon interlocuteur reprit :

— Le nègre évadé ? Oui, je l’ai vu. On l’emmenait chez Silas Phelps, à 2 milles plus bas. Bonne affaire ! 200 dollars de récompense, ça ne se trouve pas tous les jours.

— Et c’est moi qui l’ai vu le premier ! Qui donc l’a fait empoigner ?

C’est imprimé en lettres longues comme ça.
C’est imprimé en lettres longues comme ça.

— Il paraît que c’est un vieux monsieur à barbe blanche. Il n’avait pas le temps d’aller à la Nouvelle-Orléans et il a vendu sa chance 40 dollars. À sa place, moi, j’aurais trouvé le temps d’aller toucher la récompense entière.

— Peut-être sa chance ne vaut-elle pas un cent, puisqu’il l’a cédée pour si peu.

— Allons donc ! J’ai lu l’affiche. C’est imprimé en lettres longues comme ça. Récompense de 200 dollars, avec le signalement du nègre, le nom de la plantation et le reste.

Il s’éloigna en sifflant. Je regagnai le radeau et je me glissai dans le wigwam afin de réfléchir. Mes réflexions ne furent pas gaies. Non, je n’aurais pas cru ces deux gredins capables de nous jouer un pareil tour après tout ce que nous avions fait pour eux. Je pouvais me vanter d’avoir rendu un mauvais service à ce pauvre Jim. S’il devait rester esclave, il aurait été cent fois plus heureux à Saint-Pétersbourg, où personne ne le maltraitait. Ma première idée fut d’écrire à miss Watson