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mon objet, qui en rapportant ses provisions, reçoit son sac, et me laisse supporter seul les caquets de toutes les commères du passage du Caire.

Je m’en consolai vite, j’allais tous les lundis présider en second une de ces sociétés chantantes et dansantes qui ont si puissamment contribué à notre glorieuse révolution, par l’esprit d’opposition que les chansons entretenaient dans les têtes de ceux qui en faisaient partie. Il y avait une brune aux petits pieds, au teint frais, qui s’appelait Sophie et que je n’avais cependant pas remarquée ; elle demeurait avec une nommée Constance, qui était la maîtresse de notre président, Émile Debraux. Il paraît que ma gaîté, mon heureux caractère, avait plu à Sophie, elle me fit dire par Émile pourquoi je ne dansais pas avec elle. C’eût été malhonnête de ne pas me rendre à cette invitation : je la priai donc, et je fus charmé de sa conversation plus encore que de sa danse : je remarquai qu’elle avait un très-petit pied, indice de quelque chose de semblable. Après les petites questions d’usage je la reconduisis à sa place mais je ne cessai de la regarder et de lui sourire pendant le temps que l’on chanta. Quand la séance fut terminée il y eut un petit conciliabule entre Sophie, Constance et Debraux : j’ignorais qu’on s’y occupait de moi, mais j’en fus bientôt instruit par mon président, qui vint