que vous avez jadis rencontrée à Rome avec sa tante.
Piotr. — Elle chantait des duos avec moi !
Alina. — C’est touchant !
Piotr. — Elle avait une voix agréable. Moi aussi !
Alina. — Aujourd’hui, elle a deux grands enfants.
Piotr. — Comme le temps passe !
Alina. — Vous la connaissez, mon père, cette princesse ?
Le Pope. — Je l’ai vue ici.
Alina. — Souvent ?
Le Pope. — Quelquefois.
Piotr. — Il faut qu’elle soit très intime avec notre beau-frère et notre belle-sœur pour arriver ainsi à l’improviste ?
Le Pope. — Mlle Luba aime beaucoup Mlle Tania, qui est d’ailleurs une parfaite musicienne ; M. Stepa se plaît dans la société de M. Boris qui, autant que je peux le dire… est un charmant jeune homme.
Piotr. — Ne serait-il pas plus juste de dire que M. Boris se plaît avec Mlle Luba et M. Stepa avec Mlle Tania ?
Le Pope. — Excusez-moi… Je n’ai pas remarqué…
Alina. — Au moins, vous êtes discret !
Le Pope. — Mais… pardonnez-moi de vous interroger… la princesse est-elle veuve ? Je n’ai jamais vu le prince ?
Alina. — Il vit, rassurez-vous !
Le Pope. — Oh ! Je n’étais pas très inquiet.
Alina. — Mais il a perdu sa fortune au jeu, et, pour se consoler, il boit. La princesse a sauvé quelques miettes de sa dot. Elle élève ses enfants. Elle a eu bien du mérite.
Piotr. — C’est une femme d’une grande intelligence.
Alina. — C’est une fine mouche et qui voudrait établir richement son fils et sa fille.
Le Pope. — N’est-ce point… si l’on peut dire… le vœu que forment toutes les mères ?