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Les Chauffeurs

Nouvelle inédite
par
Ch. Th. Féret[1]

Normand, d’une vieille race de marins et d’imprimeurs caennais, Charles-Théophile Féret, très connu dans les milieux littéraires, trop peu lu du gros public, est une des figures les plus intéressantes de la littérature contemporaine. Il écrivit ses premiers vers à quarante ans. N’a publié qu’un roman. Ses œuvres principales, la Normandie exaltée, le Verger des Muses et des Satyres bouquins, l’Arc d’Ulysse, sont des plaquettes de poésies à tirage infime qui, n’ayant guère dépassé le cercle des critiques, ne seront point oubliées néanmoins des anthologistes de l’avenir. Tout ce qu’écrit Charles-Théophile Féret, s’inspire de la plus pure tradition gauloise. Sa verve étincelante, drue, s’apparente à celle de Villon et de Rabelais. Nous sommes heureux d’offrir à nos lecteurs une nouvelle du poète normand qui, à soixante-dix ans, nous écrit : « Je suis vieux, mais bien portant et allègre. Je ne me plains point du sort ; j’ai celui que je me suis fait : quelques amis sûrs, des loisirs, un ardent amour de mon art, de ma terre, de mes gens. Et je chante comme on chante à vingt ans. »

I

En 18…, à l’estuaire de la Seine, au Grand-Saint-Aubin-en-Roumois, jouxte la petite chapelle de Saint-Léonard, qui subsiste seule aujourd’hui, maître Bourdel s’était aménagé, dans les bâtiments d’une lépro-

  1. Copyright by Ch. Th. Féret, 1924. Tous droits de traduction, adaptation, reproduction et représentation réservés pour tous pays, y compris la Russie.