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L’Officier de gendarmerie. — Approchez. Est-ce bien vous, le prince Tcheremenshanof qui avez refusé de prêter serment ?

Boris. — C’est moi-même.

L’Officier, s’asseyant lui indique un siège en face. — Je vous prie de vous asseoir.

Boris. — Je pense que notre conversation sera tout à fait inutile.

L’Officier. — Je ne le crois pas, au moins pour vous. Voyez, il m’a été rapporté que vous refusez le service militaire et la prestation du serment. On soupçonne que vous appartenez au parti révolutionnaire. Et c’est ce que je dois examiner. Sinon, nous vous laisserons à l’Administration militaire. Voyez, je suis franc, je parle ouvertement, et j’espère que vous me marquerez la même confiance.

Boris. — D’abord, je ne puis avoir confiance en ceux qui portent cet habit. (Il indique son uniforme.) Ensuite, vous exercez des fonctions que non seulement je n’estime pas, mais pour lesquelles je ressens le plus profond dégoût. Mais je ne refuse pas de répondre à vos questions. Que voulez-vous savoir ?

L’Officier. — Si vous le permettez d’abord votre nom, votre état ?

Boris. — Vous le savez bien.

L’Officier. — Votre religion ?

Boris. — Il n’y en a qu’une pour moi. Je ne suis pas ce qu’on appelle orthodoxe.

L’Officier. — De quelle religion êtes-vous ?

Boris. — Je ne puis la définir.

L’Officier. — Mais enfin ?…

Boris. — Eh bien, mettez que c’est la religion chrétienne selon le Sermon sur la montagne.

L’Officier. — Écrivez. (Le secrétaire écrit. À Boris.) Vous reconnaîtrez bien que vous appartenez à quelque nation, à quelque classe sociale.

Boris. — Je reconnais que je suis un homme serviteur de Dieu.

L’Officier. — Pourquoi ne vous reconnais-