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Maria. — Ne voudrez-vous pas prendre quelque chose ?

Le père Guérassime. — Je vous remercie. (Il sort avec Alina Ivanovna.)

Maria. — Qu’est-ce qui va arriver maintenant ?

Luba, qui s’est avancée peu à peu. — Papa a très bien parlé : le père Guérassime n’a pas trouvé un seul argument probant.

La Princesse. — On ne l’a pas laissé parler, et surtout il lui a déplu de voir que l’on avait organisé une espèce de tournoi. Tout le monde écoutait. Sa modestie l’a forcé à se retirer.

Boris. — Ce n’est pas du tout par modestie, mais tout ce qu’il dit est faux. Il est donc évident qu’il n’a rien à dire.

La Princesse. — Naturellement. Ta versatilité fait que tu commences à approuver Nicolas Ivanovitch. Si tu partages ses idées, tu n’as pas besoin de te marier.

Boris. — Ce qui est vrai, est vrai, et je ne saurais m’empêcher de le dire.

La Princesse. — Tu n’as pas le droit d’être le champion de la vérité.

Boris. — Pourquoi cela ?

La Princesse. — Parce que tu es pauvre.

(Elle sort : tous la suivent à l’exception de Nicolas Ivanovitch et de Maria Ivanovna.)

Nicolas, reste pensif, ensuite il sourit à ses pensées. — Maria, pourquoi cela ? Pourquoi avoir invité cet homme égaré et lamentable ? Cette femme agitée et ce prêtre, pourquoi prennent-ils part à notre vie intime ? Est-ce que nous ne pouvons débrouiller nos affaires tout seuls ?

Maria. — Que veux-tu que je fasse quand tu veux dépouiller entièrement les enfants ? Je ne puis supporter cela avec calme. Car, tu sais, je ne suis pas intéressée et je n’ai besoin de rien pour moi.

Nicolas. — Je le sais… Je le sais et je te crois. Mais le malheur est que tu ne crois pas à la vérité. Je